Bisogna sempre ragionare sulle molteplici conseguenze della pandemia. Mentre in Francia sono molti intellettuali a farlo, in Italia il dibattito langue. Interessante, a proposito, Rémi Noyon su "Obs" ha intervistato sulla pandemia e le sue prospettive il sociologo tedesco Hartmut Rosa. Interessante, per cominciare, è la difficoltà di concentrazione: «Le besoin d'être "occupé" par des activités papillonnantes est très fort en nous. Lorsque je mets un CD, j'ai du mal à l'écouter jusqu'au bout. Lorsque je prends un livre, j'en tourne quelques pages avant de le refermer et d'en saisir un autre, que je délaisse tout aussi vite. C'est une sorte d'horror vacui, la peur antique du vide, qui, tout à la fois, m'amuse et me terrifie. J'y vois un signe, un symptôme. Dans mes premiers travaux, j'ai décrit ce qui me semble être le ressort de la modernité: la stabilisation dynamique. Nous sommes poussés à accélérer sans cesse, sans but, simplement pour conserver ce que nous avons. Ce régime de temps est lié à la croissance économique, à l'extension technique, à la rapidité des mutations sociétales. Là-dessus arrive cette pandémie qui provoque une décélération brutale. Les structures qui soutenaient cette accélération sont comme mises entre parenthèses. Mais ce que nous avons découvert, c'est que ce tempo de la modernité s'est inscrit en nous».
Così precisa: «Certains aspects de nos vies ont accéléré. La recherche vaccinale, la vie numérique, la logistique d'Amazon... Mais quand vous regardez le profil kinesthésique du monde, il est évident que nous avons décéléré. Très littéralement, les gens se déplacent moins, et moins vite: les avions sont au sol, le trafic routier a diminué. Pendant les phases de confinement les plus strictes, cette baisse de la mobilité humaine a même pu être mesurée par les sismographes... Nous sommes peut-être dans la situation prévue dès les années 1980 par le philosophe et urbaniste Paul Virilio, qu'il a précisée dans "l'Inertie polaire". Nos corps physiques sont ralentis au point qu'ils ne bougent plus du tout, mais dans le même temps nous échangeons des flux de données de plus en plus massifs et rapides. Il reste que, malgré l'essor du numérique, la décélération vient secouer les bases de nos sociétés». Ma sta cambiando anche la nostra fisicità, dice Rosa: «Dès le début du xxe siècle, le sociologue Georg Simmel identifiait cette tendance qu'ont les modernes à garder les autres à distance. C'est devenu un sentiment corporel très fort: nous percevons avec inquiétude la proximité physique des autres, qu'ils soient des passants ou des collègues. Le numérique a peut-être accentué cette dynamique. Avant la pandémie, le "toucher" était déjà mis sous tension. Une journaliste allemande, Elisabeth von Thadden, a même parlé de "die Berührungslose Gesellschaft", que l'on pourrait traduire par "la société sans contact". On pourrait dire que la pandémie accélère cette tendance à la distanciation physique. Mais je pense que la peur du virus se dissipera assez vite. La grippe dite "espagnole" n'a pas marqué durablement les sociétés. Nous avons besoin du corps des autres. Je le vois avec mes étudiants. En mars de l'année dernière, tout le monde pensait que les jeunes ne souffriraient que peu du confinement, étant des digital natives. Aujourd'hui, ce sont eux qui nous supplient de reprendre les cours "en présentiel"». Ma lo sguardo al futuro di Rosa é interessante: «En tant que philosophe, je ressens presque une obligation morale à rester optimiste. Hannah Arendt parlait de la "natalité" pour désigner notre capacité collective d'initiative et de commencement. Rien n'est prédéterminé. Des bifurcations sont possibles. Dans les moments de crise, comme ceux que nous vivons actuellement, les comportements se décollent de la routine, des évidences trop partagées. On parle sans cesse du rôle des structures, comme si nous en étions prisonniers, mais comme je le disais tout à l'heure, l'accélération de nos sociétés - qui mène à des catastrophes écologiques et au creusement des inégalités - tient aussi à des ressorts très personnels. Certains malades du "covid" peinent à retrouver le goût et l'odorat. Est-ce une menace pour leur capacité à "résonner" avec le monde? Le goût et l'odorat sont des sens très intimes, auxquels sont liés nos plus anciens souvenirs. Il est certain que la résonance, telle que je la conçois, passe aussi par ces sens que l'on perd avec le "covid". J'étais l'été dernier dans un colloque où des biologistes et philosophes faisaient de ces perturbations sensorielles un véritable symbole: le virus est l'indicateur de notre distorsion avec le monde...». Un mondo che per molti versi ci sfugge, secondo il sociologo tedesco: «En politique, le schéma est le même: la modernité nous fait miroiter le contrôle de nos propres vies, ce qui rend d'autant plus intolérable le sentiment d'impuissance éprouvé face aux inégalités ou au changement climatique. Le populisme, au fond, n'est que la promesse de rétablir ce contrôle. Le virus symbolise cette indisponibilité monstrueuse, le mutisme du monde, cette volonté de contrôle qui nous échappe et se retourne contre nous. Dans les films d'horreur, on parle de ce something in the air. Je ne peux pas le voir, je ne peux pas le sentir, mais il est peut-être déjà dans mon corps...». Inquietante intuizione...