Cédric Gras è uno scrittore francese giramondo che conosce bene la montagna. Per Obs ha visitato di recente il Monte Bianco con una premessa illuminante sul tema: ”Cela fait maintenant vingt-cinq ans que je fréquente avec une certaine assiduité le massif du Mont-Blanc. Un quart de siècle qui paraît bien court à l’échelle du temps climatique et des neiges dites « éternelles ». Pourtant l’évidence est là et le constat, sans appel. Ce qui s’opérait auparavant au fil des siècles advient désormais au cours d’une existence. Les métamorphoses que l’on croyait imperceptibles pour les simples mortels s’effectuent dorénavant en l’espace d’une génération. La mienne par exemple”. Già, con buona pace dei negazionisti questo è quanto qualunque abitante delle Alpi vede coi suoi occhi nel rapporto con la sua memoria. Citerò alcuni passaggi chiave dell’articolo, ricco e dettagliato, lato francese, ma - si sa - quanto siano artificiali i confini lassù. Scrive Gras: “Le réchauffement climatique est à l’oeuvre en montagne plus rapidement qu’ailleurs. Les précipitations hivernales ne parviennent plus à compenser la fonte estivale. Il suffit d’un vieil album photo de la vallée pour s’en convaincre. Les clichés sépia montrent des langues glaciaires débordant de leur lit. Il faudrait que je remette la main sur les diapositives du glacier des Bossons que j’avais prises durant mes études de géographie”. Parecchie le testimonianze: ”Luc Moreau, lui, a fait de la mécanique des glaces son domaine d’expertise. Il s’assied, se sert un thé sur une terrasse face au Mont-Blanc et ne ménage pas plus longtemps le suspense. « A l’altitude de 1600 mètres, la mer de Glace a déjà perdu 3,5 mètres d’épaisseur depuis avril. Les glaciologues du xxie siècle n’annoncent jamais de bonnes nouvelles. » Il reprend : « Ça commence déjà moins bien qu’en 2022, quand la perte annuelle a été de 16 mètres. » 2022 a en effet été une année noire : « Le glacier a minci sur ses 13 kilomètres de longueur, jusqu’en haut, à l’aiguille du Midi. » Je lui demande ce que cela lui fait, à lui, de voir l’immaculé céder à la grisaille des pierriers. « C’est moins de rayonnement réfléchi par la neige et une absorption par les roches de l’énergie solaire, éludet-il, peu disert sur ses émotions mais généreux de sa science. Le même phénomène qui fait des ravages du côté des pôles, où la banquise se fait rare. »”. Lo scrittore racconta, visitando siti storici del Monte Bianco dell’accelerazione ben visibile nei ghiacci e nelle acque: “Ce jour-là, une autre glaciologue est présente pour la visite des galeries de captage d’Argentière : Heïdi Sevestre. Elancée, cheveux courts, la jeune scientifique a été l’élève de Luc Moreau à Poisy, en HauteSavoie. Elle s’est ensuite installée au Svalbard après une année en Erasmus, tout en revenant régulièrement dans ses Alpes natales dont elle surveille la mue. « Le “peak water” est prévu pour 2040 », prévient-elle. Comprendre : le « pic de fonte », ce point de bascule entre un surplus de fusion sous l’effet du réchauffement et un tarissement progressif dès lors que les masses glaciaires auront trop maigri. Un seuil fatidique qui marquera une baisse inéluctable du débit des rivières et fleuves en aval. « A partir de 2040 et peut-être plus tôt, les rivières passeront à un régime plus nival que glaciaire », abonde Luc Moreau. C’est-à-dire qu’elles seront gonflées par la fonte printanière des neiges mais que ce qu’il restera de glaciers ne restituera que peu d’eau en juillet et en août. Le château d’eau alpin ne pourra plus fournir le même volume durant des étés qui s’annoncent plus caniculaires. Or c’est tout leur intérêt que de redistribuer à la saison sèche l’eau stockée sous forme de glace. Le potentiel hydroélectrique pourrait s’en trouver diminué mais c’est surtout en plaine qu’il faudra s’adapter, de l’irrigation des cultures au refroidissement des centrales nucléaires en passant par la consommation quotidienne”. Questo è quanto bisogna studiare nei diversi settori per reagire per tempo ai cambiamenti senza ansia ma con pianificazioni che devono vedere solidali tra loro tutte le Regioni alpine, unite nello stesso destino nel rispetto di scelte politiche che le devono vedere protagoniste. Togliendo gli alibi a chi ha una concezione della montagna come Wilderness, che sulle Alpi è una castroneria che porterebbe allo spopolamento definitivo, come agognato da chi maldestramente odia l’umanità cui appartiene. Ancora Gras: “C’est tout un paysage qui mue sous les yeux de ceux qui habitent la montagne. On appelle solastalgie la souffrance éprouvée face à ce bouleversement de notre environnement. Une sorte de nostalgie de la nature telle qu’on a pu la découvrir enfant. (….) Trouverai-je une consolation dans le « verdissement des Alpes », ce phénomène qui accompagne la fin des glaces? Rendez-vous avec Bradley Carlson, un écologue américain diplômé de l’université de Grenoble, guide de haute montagne accessoirement. Il travaille au Centre de Recherches sur les Ecosystèmes d’Altitude (Crea), une structure associative dédiée à l’adaptation de la biodiversité alpine. « En comparant avec les photos aériennes de 1950, on note une remontée moyenne de la forêt de 30 mètres par décennie environ, note-t-il sans une pointe d’accent, d’autant que la fin du pastoralisme a permis le reboisement des pâturages. » Les plantes déménagent vers de plus hautes altitudes et colonisent les zones minérales mises à nu par le retrait des glaces. Un chambardement de l’étagement alpin et une extension du domaine de la chlorophylle. (….) Dans le sillage de la flore, les animaux remontent eux aussi les côtes pour se maintenir dans des conditions optimales. Une migration verticale des espèces, insectes en tête, de plusieurs dizaines de mètres par décennie. Elles explorent de nouveaux territoires loin des fonds de vallées anthropisés. Une aubaine pour les lagopèdes, chamois et autres lièvres variables qui sont concurrencés par les espèces ordinaires prenant elles aussi l’ascenseur”. La conclusione è triste e vale purtroppo per tutte le montagne del mondo: ”L’humanité ne souffrira pas tant des quelques degrés de réchauffement que de leurs conséquences, à commencer par la peau de chagrin des glaciers alpins. Ceux qui ne sont pas sensibles à la beauté écrue des séracs et honnissent les sports d’hiver devront au moins se résoudre à cette réalité. Sans glaciers, nos étés auront terriblement soif”.