Arthur Dreyfus è uno scrittore franco-svizzero nato nel 1986 e dunque un "Millennial", parola che indica la generazione dei nati tra il 1981 e la metà degli anni '90. E' interessante constatare, leggendo un suo articolo su "Le Monde", come giustamente ogni generazione legga con il filtro delle proprie esperienze i tragici avvenimenti dell'Ucraina e Dreyfus lo fa con grande onestà. Per questo vorrei citare alcuni passaggi chiave. Si parte da un momento intimo, familiare: «Trois jours avant l'invasion de l'Ukraine par l'armée poutinienne s'éteignait mon grand-père, à 99 ans. Matricule 39986 du camp de Flossenbürg, il répéta toute sa vie qu'il avait été déporté comme résistant, non "seulement" comme juif. Il avait choisi de se battre pour un idéal; contre une idéologie infernale».
Da questa vicenda lo scrittore ha ricavato il suo primo romanzo, nel quale ricorda di aver citato un passaggio di un altro scrittore francese, che fu partigiano, Claude Simon, "Premio Nobel" della Letteratura nel 1985, che così si espresse quando lo ritirò: «Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d'habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée. J'ai été témoin d'une révolution, j'ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières, j'ai été fait prisonnier, j'ai connu la faim, le travail physique jusqu'à l'épuisement, je me suis évadé, j'ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, et cependant, je n'ai jamais encore, à 72 ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n'est, comme l'a dit, je crois, Roland Barthes après Shakespeare, que "si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien" - sauf qu'il est». Così commenta Dreyfus e mi ci identifico, pur essendo di generazione distante: «Il n'empêche: le monde ne signifiait peut-être rien, mais en écrivant le dernier mot de mon livre, j'étais convaincu que ma génération - européenne - serait la première à ne plus envisager la guerre comme un péril authentique. Parce que la seconde guerre mondiale n'avait été que l'occurrence ultime d'une série de conflits fatalement répétitifs. Jusque-là, il ne s'était pas passé six mois sans que deux pays de notre continent entendent s'envahir ou s'exterminer. Au-delà du conflit franco-allemand de 1870 ou de la boucherie de la Grande Guerre, pensons à la guerre de Trente Ans, démarrée en 1618, qui lamina l'Europe, à la guerre anglo-espagnole de 1727, aux trois guerres de Silésie, à la guerre de Sept Ans (qui opposa dès 1756 la France et l'Autriche à la Grande-Bretagne et à la Prusse), à la guerre suédo-norvégienne de 1814, à la guerre austro-prussienne de 1866, à la guerre polono-lituanienne de 1920... Sans parler des guerres dites "de Coalitions", dont Napoléon fit son miel puis les frais, qui installèrent l'idée d'une conscription massive, et de conflits plus technologiques où l'artillerie deviendrait reine». La Pace! E perché? Ancora l'articolo: «Douze ans après la conclusion du cauchemar de 1939-1945 était née l'Europe des Six, fondée sur la promesse d'un "plus jamais ça". Et le projet avait fait florès: pour les garçons et les filles de ma génération - contrairement à mes amis camerounais, israéliens, algériens, libanais, coréens -, l'idée d'un conflit armé menaçant notre petite vie tranquille s'avérait bien absurde. La paix, inconcevable et inconçue pendant des siècles, était devenue notre norme. Par quel miracle? Grâce au pragmatisme, rabâchait-on, de quelques bâtisseurs espérant que des pays liés par des intérêts économiques et une même monnaie au sein d'un marché commun seraient bien en peine de se détruire. Mais ce pari fructueux eut l'effet pervers de nous convertir en enfants gâtés, sinon aveugles. Aujourd'hui, l'actualité sanglante nous rappelle que la paix n'est pas l'état naturel des choses. Que la paix, c'est chercher à éviter la guerre à tout prix. Mais que chercher à éviter la guerre à tout prix peut aussi mener à la guerre. Bref, que la guerre est toujours possible. Qu'elle ne se conjugue pas seulement au passé». Uno choc, così è senza dubbio, che evidenza per Dreyfus la stoltezza degli antieuropeisti: «A droite comme à gauche, on trouvait mille raisons de conspuer l'Europe. C'était devenu une mode de la détester. Comme si l'histoire ne pouvait jamais se répéter. Comme si le monde d'il y a soixante-dix ans était fondamentalement dissemblable du nôtre. Ne soyons pas eurobéats. Le "non" au traité constitutionnel de 2005 résonne encore. Bien sûr, l'Union européenne est critiquable. Bien sûr, elle doit être critiquée. Sa bureaucratie pose problème. Etourdie par la finance, elle a failli dans plusieurs de ses missions essentielles. Cette énorme machine doit être rendue plus juste. Mais n'oublions pas qu'au-delà de ses rouages commerciaux l'Europe est d'abord un idéal. L'idéal d'un droit à la différence, d'une liberté de conscience et de culte, d'une presse et d'une opposition libres. Autant de trésors abstraits que l'habitude conduit à oblitérer. A l'heure où des villes sont en passe d'être rasées à deux milles kilomètres de Paris, où un autocrate ose bombarder la plus grande centrale nucléaire d'Europe, où l'idée me traverse l'esprit d'acheter préventivement des comprimés d'iode, je songe en tremblant que ma génération renoue avec le réel. Bien sûr, il y a eu la Yougoslavie, la Tchétchénie. Le Bataclan. D'autres horreurs. Mais nous, les millennials surconnectés, nés autour de la chute du Mur, avons surtout éprouvé le sentiment égoïste d'arriver après la "fin de l'histoire". Qu'il n'y avait plus rien à faire, puisque nos grands-parents avaient vécu le pire, et nos parents le meilleur durant les "trente glorieuses". En nous laissant une planète pourrie et une économie ravagée, certes, mais à l'abri des bombes. Depuis le 24 février, tout a changé: aussi décisives soient-elles, l'économie et l'écologie ne sont plus les seules variables d'une vie. A tel point qu'un jour nous parlerons peut-être avec nostalgie de nos "trente paisibles". Cette trentaine d'années - entre 1991 et 2021 - où l'idée d'un pays européen s'emparant d'un pays voisin par la force des canons semblait aussi absurde que nos profs l'avaient enseigné. Le mois dernier encore, des millions d'Ukrainiens n'imaginaient pas devoir fuir leur logement. Ils vivaient aussi paisiblement que nous à Paris, Lyon, Quimper. Notre liberté est une fausse évidence. Mon grand-père avait raison». Sono parole vibranti, che vorrei aver scritto e sottoscrivo il finale, pensando ai miei figli: «Face aux images d'épouvante qui déferlent, au risque de me payer de mots - mais c'est mon métier -, je me dis, je me répète que la paix, ce mot désuet, ennuyeux, naïf, est peut-être le seul programme politique universel. Loin des abris antiatomiques: l'état le plus proche du bonheur».