So bene di essere un essere umano strano. Nel senso che ho una timidezza per piccole cose e non per eventi altrimenti considerati - penso al giornalismo radiotelevisivo o alle manifestazioni politiche - causa di impaccio e soggezione. Quel che è certo è che regole d'ingaggio di socialità sono così cambiare da renderci tutti imbranati e trasformati. Sparita la stretta di mano, sono arrivati gesti goffi tipo gomito a gomito, il pugno l'uno contro l'altro o la mano levata. Si è sancito l'addio all'abbraccio e al bacio sulla guancia, al momento privi di sostituti credibili. In Francia - patria della "bise" («le mot "bise" est également synonyme de "bisou" ou "baiser". "Faire la bise" est une action permettant de saluer ou de remercier une personne») - è crollato un caposaldo del salutarsi all'inizio e dopo un incontro e ne ha ha scritto con garbo e ironia Dorane Vignando su "Obs".
"Je regardais une série sur "Netflix" et il y avait des gens qui se faisaient la bise et des accolades - si legge - c'est toujours un peu émouvant de regarder des documents historiques sur des civilisations anciennes. Depuis le début de la crise du "covid" et l'injonction à respecter les gestes barrières, de nombreux sketchs et vidéos humoristiques, sur "Facebook" ou "Instagram", plaisantent sur la fin de ce rituel si français qui consiste à bisouiller son prochain pour dire bonjour ou au revoir. Depuis mars 2020, avec l'arrêt brutal de nos deux, trois ou quatre bécots (en fonction de nos habitudes ou régions respectives), nos saluts sociaux ont été chamboulés. Dès le début de la pandémie, certains journalistes étrangers ironisaient ainsi sur notre capacité psychologique à gérer le problème, sur le mode: "Mais comment les Français vont-ils réussir à survivre sans s'embrasser à tout-va?" Notre manie du bisou - même si franchement, en réalité, il était davantage devenu "une joue contre une joue", "une oreille contre une oreille", bref un "smack!" sonore lâché dans l'air - fait partie de notre histoire. Sincère ou obligatoire, codifié ou dénaturé, encensé ou décrié, le rituel de la bise est un peu notre "patrimoine corporel national". Très tôt, l'anthropologue David Le Breton prédisait ainsi sur "France-Inter" que «la pratique des poignées de main entre hommes perdurera, alors que la bise, rituel plus féminin, plus personnel et volontariste, pourrait faire les frais de cette période». Avec comme risque sociologique de radicaliser des tendances, notamment les courants de pensée qui estiment que le corps est "en trop", voire une menace. Nous vivons une période de "recul du corps"». Era evidentemente una visione ottimistica. Lo verifichiamo anche noi in Valle d'Aosta, dove esisteva la "bise" fra parenti ed amici, direi di più che in Italia, ed è scomparsa del tutto. Aggiunge la giornalista: "Un an plus tard, rien n'est plus vrai. Et la plupart des psychanalystes s'accordent à dire que nous souffrons de ce manque de contacts sociaux. Pour autant, entre le rituel et la réalité, les choses ne sont pas si simples. «On a étudié de façon très précise que la distance dont notre corps a besoin pour se tenir par rapport à l'autre est liée au degré d'amitié des gens. On supporte mal que des étrangers soient trop près. Or la bise est finalement la distance la plus rapprochée qui soit», rappelle la psychosociologue Dominique Picard, auteure de "Politesse, savoir-vivre et relations sociales" (éditions Que Sais-je, 2019). Elle ajoute: «Quand un acte est ritualisé, il est aussi déconnecté des affects et des émotions qui le sous-tendent. Ne pas poser sa bouche sur une joue, en faisant un simulacre de contact, n'est pas anodin. C'est un rétablissement de la distance psychologique: on préserve son espace personnel, même si on fait le bruit de la bise»". Già, al momento mancano alternative e chi pensa ad un rapido ritorno al passato penso seriamente che si sbagli. Ma questo pesa sulla nostra psiche. Continua Vignando: «Selon le philosophe Gérald Cahen, qui a coordonné le livre collectif "Le Baiser. Premières leçons d'amour" (éditions Autrement, 1997), «c'est avant tout une monnaie entre les êtres. Entre ceux qu'on prend et ceux qu'on donne, ceux qu'on reçoit, qu'on vole, qu'on refuse, on n'en finit pas de marchander, de calculer la manière de prodiguer des baisers». Il faut dire que l'épopée de la bise en société a triomphé (ou péri) en fonction des époques: salutation solennelle chez les Romains, acte honni - car jugé impudique - par le concile de Carthage en 397, signe de reconnaissance réservé aux nobles chevaliers et aux clercs au Moyen Age, de nouveau banni au XIVe siècle pour cause d'épidémie de peste noire. Après un timide retour à la Renaissance et au XVIIIie siècle (avec les baisers galants), la bise en public est de nouveau blacklistée au XIXe. Elle va alors se cantonner à l'intimité des familles, d'où elle ne sortira vraiment qu'après Mai-68. «Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la bise s'est de plus en plus conformisée. Mais il a fallu attendre les années 1980 pour voir une véritable explosion, jusqu'à ce qu'elle soit institutionnalisée dans les milieux professionnels. Il y a eu depuis une inflation à tout-va. Avec comme conséquence des protestations», précise Dominique Picard. Cette tradition séculaire survivra-t-elle à la crise du "covid"? Les "bonjours bonsoirs" du monde d'après seront-ils avec ou sans la bouche? Y sommes-nous vraiment attachés ou disposés à y renoncer? Ou est-ce tout simplement devenu ringard? Les premières semaines, autocentrés sur les risques de contagion, rares étaient ceux qui pleuraient sur la fin des embrassades entre amis, collègues, membres de la famille, ou s'ousquaient de leur disparition. On les a vite remplacées par un simple geste de la tête, un "check hand" ganté, des saluts avec le coude ou le pied. Voire un salut indien, les mains jointes devant la poitrine, devenu très tendance avec l'avènement de la mode du yoga et des thérapies de bien-être». Pare, però, che in Francia si manifesti qualche novità, che forse può far modificare certi giudizi: «Mais au fil des mois, alors que la pandémie s'est installée sur le temps long, certains comportements ont changé. Déjà, dans un sondage réalisé par l'institut "YouGov" pour le "Hu Post" en juin 2020, suite au premier déconfinement, 26 pour cent des Français déclaraient avoir recommencé à se faire la bise. En février 2021, la courbe ne recule pas... mais n'explose pas non plus. Alors, entre pro et anti-bisou, un fossé se creuse. «C'est gai, vivant, a ectueux. C'est un signe de civilisation humaine!», clame Romain, 26 ans. Il revendique d'ailleurs faire partie de ces volontaristes qui ne respectent pas ce geste barrière-là. «Je ne le fais pas par esprit de rébellion mais par convivialité. Je respecte les préférences des autres, mais si la personne est d'accord, j'embrasse!». Quitte à se prendre 135 euros d'amende comme la semaine dernière, lorsqu'il a retrouvé son amie d'enfance, Camille, qu'il n'avait pas revue depuis dix mois. «On s'est jetés dessus comme au bon vieux temps, et on a mis bas les masques. Pas de chance, deux flics patrouillaient dans le coin. En plus, on avait dépassé l'heure du couvre-feu...». Dans les établissements scolaires, où règne un protocole sanitaire strict, les comportements ont aussi évolué. Si beaucoup d'élèves s'en fichent, arguant que les cafés leur manquent bien plus que la bisouille, là plus qu'ailleurs, elle symbolise une forme d'intégration sociale, une reconnaissance identitaire. Oscar, 14 ans, collégien à Brest, en témoigne: «Taper la bise à tel(le) ou tel(le) pote, cela montre que vous faites partie du cercle. Aujourd'hui, comme on est moins proches physiquement, cela se ressent aussi dans nos relations». Un faux problème, pour le camp adverse, celui du "no kiss". Pour preuve, ce tweet devenu viral, le 22 août dernier: "six mois qu'on est plus obligés de faire la bise. Elle est pas belle, la vie?" Un cri de soulagement "liké" par près de 55.000 internautes. Plus que le respect de la distanciation sociale, c'est une nouvelle conception du rapport aux autres qui émerge. Dans une époque où le corps est devenu un sanctuaire qu'il faut défendre, où le tactile n'a plus la connotation bon enfant qu'il avait, où les a aires de viols et d'incestes font la une des médias, le toucher, même sur une joue, n'est plus perçu comme allant de soi. Un contact trop proche, voire trop sale ou trop odorant... Pour Sandrine, 34 ans, employée dans une entreprise de "Btp" à Saint-Etienne, les nouvelles règles de distanciation sont «une bénédiction». Elle raconte: «Vous savez ce que c'est de devoir embrasser par politesse dix collègues chaque matin? Celui qui pue la transpiration, celui qui se frotte un peu trop à vous, celui qui a une gastro et j'en passe... Combien de fois, ces dernières années, j'ai menti pour ne pas le faire, en prétextant un rhume. A part la famille et les amis proches, cette habitude de faire la bise est superficielle et totalement hypocrite». Un nombre croissant de femmes déclarent ainsi que, dorénavant, elles privilégieront la poignée de main. Comme Marie, étudiante en droit à Paris, clamant qu'«il était plus que temps d'en finir avec cette vieille manie sexiste!». Si le trop-plein de baisers peut agacer, leur absence peut aussi provoquer un vide, un manque de contact physique. Les Danois ont inventé un mot pour décrire cette privation: le "hudsult", la "faim de peau". Sans être carnivore, n'ayons pas non plus la dent dure. «Il est certain que des rituels de contact se rétabliront au sortir de la pandémie», prédit Dominique Picard, «reste à savoir quand. Dans six mois? Deux ans? Ce qui se passera dépendra du niveau d'angoisse collective. Jusqu'à quel point serons-nous marqués par cette expérience?» Bises repetita ou pas, le temps venu, embrassez qui vous voudrez".