Eluana Englaro repose dans le cimetière de son pays d’origine, dans les montagnes de la Carnia, au Frioul Vénétie Julienne, après un chemin de croix long dix-sept ans et après être devenue, malgré elle, un symbole pur les uns et pour les autres. La cérémonie des obsèques, sobre, silencieuse, sans applaudissements, a témoigné d’un style alpin plein de bon sens et de dignité, qui est une leçon de civilité.
On ne peut pas s’empêcher de penser à la douleur des parents, qui ont vécu le cauchemar d’un enfant emprisonné dans un coma sans espoir et ont ensuite subi un calvaire plein de polémiques pour le parcours qui a conduit à la mort de leur fille. Tout cela dans un crescendo de curiosité de la part du cirque médiatique qui a traité une histoire humaine très délicate avec un voyeurisme excessif, en oubliant le respect que ces faits auraient mérité. On peut dire la même chose du monde de la politique: je pense aux tons excessifs du débat au Sénat le soir de la mort d’Eluana, alors que l’Assemblée de Palazzo Madama était engagée dans l’approbation d’un projet de loi qui aurait en fait démenti le choix des juges, qui avaient considéré claire la volonté de cette femme de ne pas vivre avec des aides artificielles, au cas où elle se retrouverait dans un coma irréversible, ce qui lui est malheureusement arrivé. Je conseille la lecture des sentences pour éviter, ce qui a été le cas, qu’on parle sans connaître le parcours logique des juges, bien conscients d’intervenir sur un thème qui voit un vide législatif dont la faute revient à la politique, qui ne fait jamais face à ses responsabilités au moment où elle devrait.